Métaglossie : qu’est-ce-que c’est ? – Rappel historique

Pixabay – Kilimanjaro Sunrise

“La traduction […] est […] la recherche d’un interstitiel qui se rapproche de la vérité transcendantale […] sans nuage. Et comme vous le savez, la vérité est toujours tangente. [L]orsqu’on passe d’une langue à l’autre, d’un texte à l’autre, où se trouve la vérité? Est-ce qu’elle se trouve dans le texte de départ ou bien dans le texte d’arrivée ? Vous constaterez que la vérité est en fait, tangente, elle n’appartient ni à A ni à B. Cette [..] vérité se trouve toujours au-delà des particularités (lexicales, linguistiques); personne n’a le monopole de la vérité. A contrario, tout ce qui se dit dans une langue peut aussi se dire dans l’autre. Et chaque fois qu’on considère qu’un texte d’arrivée est équivalent à un texte de départ dans un contexte de communication interpersonnel précis, une simple analyse conceptuelle des deux textes permettra de comprendre que chacun participe en fait à la manifestation d’une vérité notionnelle transcendantale que chaque langue, chaque texte, chaque interlocuteur s’efforce à apprivoiser à sa manière, grâce aux moyens situationnels […] propres. En définitive, par delà les particularités linguistiques, la traduction consacre un univers discursif unique, la langue des langues, une métaglossie, le seul univers où toutes les barrières à la communication interpersonnelle s’estompent, à la faveur d’une volonté réelle de négociation interpersonnelle.”

(Extrait de ASA Magazine 2012-2013. “Metaglossia : AU-DELÀ DES MOTS ET DES LANGUES…” https://www.academia.edu/s/2125e884d5)

P.S.: Le terme métaglossie, qui apparaît formellement pour la première fois ici (en 2012*), est une traduction de l’anglais metaglossia, proposé plus tôt (en 2010). Cette version française, comme par hasard, se trouve déjà attestée en 1978 chez Lüdtke* (page 215) ; ce dernier, que nous découvrons ce 18 février 2022, conçoit la métaglossie comme étant “le fait qu’une communauté linguistique, au cours d’un certain laps de temps, passe d’une langue A à une langue B”. Curieuse coïncidence, car cette conception se rapproche de la nôtre à bien des égards et, de fait, constitue un argument supplémentaire en faveur d’une exploration scientifique approfondie de cet ‘univers’ ou ce ‘fait’ particulier qui, de toute évidence, est perceptible de part et d’autre, quoique suivant des perspectives quelque peu différentes mais tout à fait compréhensibles en l’espèce.

*Voir aussi Tiayon, Charles 2018. Quelques enjeux de la sociotraductologie en situation de plurilinguisme. In Rhumsiki, Vol. 6, pp 83-99.

**Lüdtke, Helmut 1978. Sur la morphosyntaxe mélangée de trois parlers insulaires de la Méditerranée (maltais, arabe de Chypre, pantellerien. In Actes du deuxième congrès international d’étude des cultures de la méditerranée occidentale, 2 voll., Alger, Société Nationale d’édition et de diffusion, Vol. 2, 214-219.

RÉFÉRENCES WEBOGRAPHIQUES

  1. https://twitter.com/metaglossia;
  2. https://www.academia.edu/s/2125e884d5
  3. https://metaglossia.com/about-us/ ;
  4. https://www.blogger.com/profile/11481867605244394299;
  5. http://metaglossia.wordpress.com/
  6. https://issuu.com/wcat/docs/asa_magazine_final_version

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